« Le roi Charles V et III Font-Huit-et-Huit -font-Seize, qui règne en tyran sur le royaume de Tachycardie, est amoureux d’une modeste bergère peint dans un tableau, qu’il veut épouser. Mais elle aime et est aimée par un petit ramoneur celui-ci peint aussi dans un tableau. Aidé de l’Oiseau, le malheureux soupirant va tirer la jolie bergère des griffes du roi tout-puissant. »
Adapter ce film d’animation en pièce chorégraphique m’est apparu comme une évidence. Il a bercé mon enfance et m’a donné le goût à la poésie. Dans la lignée de mes précédents spectacles, j’ai voulu une mise en scène sobre et épurée, d’inspiration Giorgio de Chirico, afin de stimuler l’imaginaire des enfants.
Durant la phase d’écriture chorégraphique, je me suis appuyé sur les textes de Jacques Prévert et leurs phrasés, afin de retranscrire au plus juste, à travers le corps des danseurs, la musicalité et l’esprit libertaire qui en ressort. Une gestuelle plus saccadée et millimétrée est utilisée pour décrire le roi et son univers dictatorial. Effectivement, là où le texte de Prévert et les dessins de Grimault prennent respectivement le verbe et le trait pour moyen d’expression, je prends pour ma part le corps comme messager d’une fable antitotalitariste.
Comment le corps peut exprimer un sentiment d’oppression, de pouvoir, de solitude et à la fois de liberté et d’amour ?
C’est à travers ces interrogations physiques et poétiques que j’ai souhaité construire ma version du Roi et l’Oiseau. Plus qu’un poème dansé dénonçant les dictatures, j’ai souhaité créer chorégraphiquement une lettre d’amour à la liberté et aux sentiments humains.
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
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